首页 > 范文大全 > 正文

Les Nouvelles Perspectives pour les ?tudes du Langaga au Travail

开篇:润墨网以专业的文秘视角,为您筛选了一篇Les Nouvelles Perspectives pour les ?tudes du Langaga au Travail范文,如需获取更多写作素材,在线客服老师一对一协助。欢迎您的阅读与分享!

[a] Docteur en sociolinguistique, ma?tre de conférence de l'Université des Etudes étrangères du Guangdong, China.

Corresponding author.

Received 12 December 2012; accepted 24 February 2013

Résumé

Avec le développement de science, de technologie et d’économie, le langage est devenu de plus en plus important dans les entreprises. Les études du langage au travail émergent aux yeux des chercheurs. Cependant, il est difficile de progresser en utilisant les théories et les méthodes existant dans la linguistique et la sociolinguistique quand on fait des recherches de ce domaine. Face aux nouveaux problèmes apportés par des nouveaux objets d’études, avec de nouvelles perspectives et une nouvelle méthodologie, nous essayons de renover et développer un peu les théories linguistiques.

Mots-clés: Socio linguistique; Langage au travail

Abstract

With the development of science, technology and economy, language is considered more and more important in enterprises. The linguistic study targeted enterprise working environment has gradually attracted attentions from scholars. However, it is very difficult to make a breakthrough if we choose to adopt the current linguistic theories, including social linguistic theories, without breaking the current theoretical framework and methodology. To renovate and refine the current linguistic theories, we need to apply new research perspective, new methodology to study new issues brought by new objects.

Key words: Social linguistics; Written language

YE Jianru (2013). Les Nouvelles Perspectives pour les ?tudes du langaga au travail. Canadian Social Science, 9(1), -0. Available from: http:///index.php/css/article/view/j.css.1923669720130901.F2001 DOI: http:///10.3968/j.css.1923669720130901.F2001.

Depuis une dizaine d’années, au fur et à mesure du développement en sciences et technologies et avec un degré de plus en plus élevé en automatique et en informatique à l’intérieur de l’entreprise, le statut, le r?le et les fonctions du langage dans l’entreprise ont changé du tout au tout. Ces changements se présentent dans les aspects suivants.

Premièrement, le processus de la production est plus informatisé. Certaines opérations des machines, autrefois réalisées à la main par les ouvriers, sont effectuées désormais automatiquement par les ouvriers qui ne font qu’appuyer sur des boutons en surveillant le moniteur d’un ordinateur. Un contact direct à l’objet du travail devient ainsi un contr?le à distance, les mouvements du corps, une manipulation des signes ; le processus de la production passe d’une opération physique concrète à l’usage des connaissances, plut?t abstraites, soit du travail manuel au travail intellectuel. Le langage devient par conséquent un moyen de production et participe à la production. Ce changement affecte directement la structure du personnel de l’entreprise. D’abord, l’entreprise a de nouvelles exigences sur la qualité des ouvriers: autrefois on cherche plut?t des ouvriers forts et habiles alors que maintenant on demande plut?t des personnes possédant des connaissances en informatique et sachant utiliser l’ordinateur. Ensuite, le mode de formation dans l’entreprise a changé : autrefois c’était plut?t une transmission d’expériences du ma?tre à l’apprenti alors que maintenant il s’agit plut?t d’un apprentissage de connaissances livresques à travers des manuels, les expériences des ouvriers étant transformées, au moyen de l’écriture, en une richesse commune de l’entreprise.

Deuxièmement, la structure économique du monde a beaucoup changé, surtout avec le développement du secteur tertiaire. Dans le secteur tertiaire, l’objet du travail n’est plus les matières premières, ni les machines, mais l’homme pour qui la chose la plus importante est la communication. Le langage devient ainsi un moyen important du travail tout comme autrefois une clé à molette. La communication fait partie intégrante du travail. Dans certains services comme la réception à l’h?tel, la vente au magasin, etc., parler, c’est travailler, c’est-à-dire que le travail le plus important des employés consiste à communiquer avec des clients. Dans ce cas-là, la communication n’est plus un accessoire du travail servant à coordonner, mais le noyau du travail, voire le travail lui-même et le résultat de la communication participent directement aux profits de l’entreprise. Par conséquent, certains sociologues considèrent la communication dans le secteur tertiaire comme ?un nouveau mode de production?. (Zarifian, cité de Boutet, Gardin, Lacoste, 1995: 21) Les techniques en communication des employés dans ce secteur font l’objet de l’évaluation du travail. Si dans l’usine, le contr?le de la qualité consiste à s’interroger sur ? comment vous faites?, dans le service, la qualité du travail dépend de ?comment vous parlez?. En effet, la certification de la norme ISO 9000 consiste souvent en des questions comme ?Qu’est-ce que vous dites dans ce contexte??, ?Parlez-vous pendant combien de temps?? ?Comment parlez-vous?? ?Où regardez-vous lorsque vous parlez?? etc..

Troisièmement, la communication est de plus en plus informatisée. La nouvelle technologie a radicalement changé le mode de communication et le mode de coordination à l’intérieur de l’entreprise. L’écran de l’ordinateur remplace le papier, la circulation des informations par Internet remplace les circulaires ; un échange par email remplace une communication de tête à tête entre le supérieur et le subordonné ou entre les collègues ; les traces laissées par des documents électroniques remplacent celles laissées par les documents en papier.

Quatrièmement, la communication joue un r?le crucial dans la survie de l’entreprise. Les changements rapides du marché international font que l’entreprise ne peut plus oublier la communication. Pour survivre et se développer, l’entreprise est obligée de réagir rapidement aux changements du marché, et pour cela, deux choses sont importantes : transmettre rapidement des informations à l’intérieur de l’entreprise et les faire partager; coordonner avec efficacité le personnel pour analyser des informations et y réagir. Tout cela ne sera pas abouti sans la communication.

Cinquièmement, l’écriture est devenue un mode de management dans l’entreprise. Dans le monde actuel, le management d’entreprise s’oriente de plus en plus vers la formalisation, la standardisation et la rationalisation. Cette transformation s’accomplit en grande partie au moyen de l’écriture. Rédiger un plan, écrire un compte rendu, remplir des formulaires, faire un procès-verbal, tout se fait avec l’écriture. La norme ISO 9000 met pleinement en valeur l’écriture dans le management d’entreprise. Cette norme a pour slogan ? Ecrivez ce que vous faites, faites ce que vous écrivez et donner des preuves ?. Elle demande à l’entreprise de mettre en écrit tout le travail, le transformer en documents qui seront respectés strictement dans le fonctionnement. Autrement dit, l’entreprise réalise le management à travers l’écriture. Une notion clé de la norme ISO 9000 consiste à laisser des ?traces?. Elle exige qu’on laisse des traces de toutes les étapes de la production, des matières premières aux produits finis, pour permettre de remonter à l’origine en cas de problème. Et les ?traces? telles que les formules, les signatures, etc. sont les produits de l’écriture.

En un mot, le langaga est devenu un outil qui pèse de plus en plus lourd dans le travail, dans le management de l’entreprise. Avec ces changements, les études du langage au travail montrent aussi de nouvelles perspectives.

Les nouvelles perspectives pour les études du langage au travail

Calvet, sociolinguiste fran?ais, souligne, lorsqu’il parle de la sociolinguistique urbaine: ?la ville plurilingue est ainsi une sorte de laboratoire justifiant ce que j’appellerai une sociolinguiste urbaine.? (Calvet, 199, p. 14) Si nous lui empruntons la comparaison, nous pouvons dire que le milieu de travail est un laboratoire pour des études linguistiques. Dans ce laboratoire, on peut assister à l’émergence de nouveaux phénomènes linguistiques (tels que le néologisme, les nouveaux argots des ouvriers) et en trouver des raisons sociales de production, étudier les formes spécifiques des fonctions instrumentale, cognitive et sociale du langage au travail et leurs interactions, etc. Mais, comme la linguiste moderne est plut?t fondée sur la parole (Calvet, 1996, p. 11) et que le langage au travail a été longtemps négligé, nous découvrons, lorsque nous voulons nous pencher sur le langage au travail, que les théories et les méthodes existant ne conviennent pas et qu’il est nécessaire d’ouvrir de nouvelles perspectives.

Confronter les études linguistiques avec les réalités de l’entreprise

Beaucoup d’études linguistiques se contentent souvent de décrire et d’analyser des phénomènes linguistiques. Une fois entrés dans le cadre d’entreprise, les linguistes découvrent tout de suite que leurs recherches ne devraient plus se limiter à la description théorique et qu’il leur faut les associer à la réalité de l’entreprise. Cela est d? aux particularités de l’entreprise, qui est un terrain d’études bien différent des autres terrains, tels que la station de métro, l’arrêt d’autobus, le bar, le coin de la rue, etc. Sur ce terrain, les gens sont très occupés et ne se laissent pas facilement enquêter et observer pour des sujets théoriques comme l’analyse des syntaxes, l’utilisation des pronoms relatifs, etc. Par conséquent, il faut choisir des sujets liés aux activités de l’entreprise, surtout ceux pouvant aider à résoudre des problèmes pratiques de l’entreprise. Ce genres de recherches relèvent de ce que Labov (1988) nommait ?la linguistique séculière? consistant à faire confronter la théorie et le monde réel. Les savoirs et les savoir-faire des linguistes se trouvent alors mis à l’épreuve de réalités autres qu’académiques. Pour de telles recherches, la finalité de la construction de connaissances est de pouvoir, comme l’écrit Labov, ?résoudre les questions posées par le monde réel? (1988, cité de Boutet, 2001, p. 99). Boutet le souligne aussi: ?C’est de la confrontation entre les faits sociaux et la capacité de la théorie linguistique à en rendre compte que provient alors l’intérêt de la théorie? (Boutet, 2001, p. 99). Aux Etats-Unis, une des caractéristiques importantes de la recherche linguistique est son c?té pratique cherchant à intervenir dans la société et à apporter des réponses aux problèmes réels. Des linguistes travaillent souvent comme consultants auprès des entreprises, ou auprès des tribunaux pour aider des interrogatoires, ou auprès du gouvernement pour aider à la prise de grandes décisions ou encore auprès des candidats présidentiels pour leurs stratégies en discours, etc. Par exemple, des projets de recherches très importants de Labov et de Fishman qui ont produit une influence considérable sur la sociolinguistique ont été financés par le gouvernement américain. Mais dans beaucoup de pays, les recherches linguistiques restent encore très théoriques et très peu liées aux pratiques sociales, encore moins à l’entreprise. En fait, les linguistes ont beaucoup à faire dans l’entreprise. Ils peuvent étudier et résoudre des problèmes concrets de l’entreprise à travers la communication langagière. Comme la communication est observable et laisse même des traces et que l’entreprise est le lieu des activités des acteurs sociaux qui ne peuvent pas se passer de langage, la communication peut refléter ce qui se passe dans l’entreprise et à travers cette piste, les chercheurs seront capables de mieux conna?tre des problèmes, d’en trouver les causes et d’y apporter des solutions. Par exemple, le slogan de la norme ISO 9000 dit qu’ ?écrivez ce que vous faites et faites ce que vous écrivez, en donnant la preuve?, l’écriture est devenue ici le moyen et le véhicule de la gestion de l’entreprise. En étudiant l’usage de l’écriture dans l’entreprise, nous pourrons, en suivant des traces, révéler en partie le fonctionnement de l’entreprise.

Collaborer avec les autres disciplines

Etudier le langage au travail n’a pas pour objectif seulement d’explorer un champ longtemps oublié par la linguistique, mais aussi et surtout de mettre en évidence les liens entre le langage et le travail et leurs interactions. Beaucoup de questions se posent: Comment le travail influence la forme et le contenu de la communication ainsi que le mode de transmission d’informations ? Comment le langage ( la mise à l’écrit du travail, l’obligation de signer la note de qualité, le fait de parler en travaillant, etc.), à son tour, agit sur le travail ? Le langage et le travail sont deux genres d’activités humaines très différentes : le langage est une activité symbolique alors que le travail est une activité de production. Les deux activités requièrent des connaissances et des compétences différentes. Il y a, dans la relation entre le langage et le travail, des relations complexes d’une part entre les connaissances explicites (telles que les connaissances livresques) et les compétence implicites (celle consistant à manipuler la machine), d’autre part entre le langage interne et le langage externe, et d’autre part encore entre les différentes actions. Par un effet de discipline, les linguistes, tout seuls, ne peuvent pas étudier toutes ces relations. Il leur faut travailler en collaboration avec les sociologues, les anthropologues, les ergonomes, les psychologues, etc. qui s’intéressent à l’entreprise. A la fin du XXe siècle, l’interdisciplinarité est devenue une tendance dans le développement scientifique, voire même un critère de qualité des recherches scientifiques. Une confrontation de plusieurs points de vue apportés, par différentes disciplines qui observent le même problème sous des angles différents, permet de s’approcher le plus possible de la réalité. L’interdisciplinarité est aussi une tendance en linguistique. Ainsi que le fait remarquer Wang Dechun : étudier le langage par pluralité, multidimensionalité et interdisciplinarité est devenu une tendance irréversible en linguistique moderne. Wang Mingyu, après avoir résumé les tendances dans l’histoire de la linguistique, affirme ceci : le 18e siècle est le siècle de la philosophie, le 19e, celui de la comparaison historique, le 20e, celui de la linguistique descriptive et générative, et le 21e sera celui de la recherche en interdisciplinarité (cité de Zhao Ronghui , 2003 : 3). La nécessité de croiser des disciplines est reconnue par la majorité des chercheurs, mais peu de gens se posent la question suivante : Qu’est-ce que l’interdisciplinarité peut apporter comme changement à chaque discipline ? L’objectif de la recherche par l’interdisciplinarité n’est pas seulement, d’après nous, de regrouper les points forts ou les points de vue de chaque discipline pour la résolution d’un problème, mais aussi de voir ce dont chaque discipline, par la confrontation entre les disciplines, peut bénéficier de l’interdisciplinarité pour renouveler ses propres théories et méthodes. La linguistique a été pendant longtemps considérée comme une discipline-pionnier et a influencé beaucoup d’autres disciplines. Saussure inaugure une époque tant et si bien qu’on parle de ? la révolution saussurienne ? (Dortier, 1998 : 79). Le structuralisme ne se limite pas à la linguistique mais s’étend à bien d’autres sciences sociales. Il en vient par exemple à former la base des principales traditions de recherche de la critique littéraire (Barthes, 1964) et de l’étude anthropologique des systèmes de croyance humaine (Levi-Strauss, 1974). A leur tour, qu’est-ce que ces disciplines peuvent apporter de nouveau à la linguistique ? Pour le moment, il y a au moins deux disciplines liées au travail dans l’entreprise qui peuvent inspirer la linguistique tant sur le plan de la théorie que sur celui de la méthodologie.

La première est l’anthropologie. Selon l’anthropologie, l’objet est une partie de la vie sociale. Malinowski a souligné en 1922 que ? l’objet entre dans la relation de production et participe aux échanges et à la coordination des relations humaines ? (cité de Garabuan-Moussaoui, Desjeux, 2000 : 16). L’objet fait partie de l’environnement matériel où vivent les membres de la société et forme ainsi une ? culture matérielle ?. L’objet participe à l’interaction sociale gr?ce à son double caractère : il est à la fois le cadre des activités sociales, et l’outil dont les membres de la société peuvent se servir. Comme cadre, il détermine les activités sociales et comme outil, il est une ressource des activités sociales (Garabuan-Moussaoui, Desjeux, 2000 : 14). Dans le cadre de l’entreprise, les machines, les ordinateurs et d’autres équipements n’ont pas eux-mêmes de sens sémiotique. Mais comme la communication a lieu dans cet environnement professionnel et est étroitement liée au travail exécuté par ou à travers ces équipements, ces objets requièrent le statut de signes sémiotiques. Ils constituent le contexte matériel des actes de langage et peuvent les influencer dans le déroulement. Pour les chercheurs, les objets sont un miroir de l’interaction sociale, un ? outil de recherche ? efficace (ibid. : 17). Autrefois, les linguistes faisaient très peu cas des objets lorsqu’ils font une enquête de terrain. Lorsqu’ils se penchent sur le langage au travail, il leur faut, en fonction des spécificités de l’entreprise, renouveler le concept d’enquête de terrain, trouver d’autres voies d’accès et utiliser d’autres méthodes de recueil du corpus et de description d’analyse des données.

La deuxième discipline qui peut nous inspirer est l’ergonomie qui est une science très attachée à la pratique. Les ergonomistes entrent souvent dans l’entreprise avec des questions précises. Leur méthode consiste à décrire d’une fa?on minutieuse le processus d’un travail ou l’opération d’un ouvrier afin de saisir les causes des problèmes et d’apporter des conseils pour l’amélioration des conditions de travail, pour la rénovation des machines pour une réorganisation du travail. L’ergonomie et la sociologie du travail sont deux disciplines qui s’intéressent au travail de l’entreprise mais leurs objectifs sont différents : l’ergonomie cherche surtout, par sa description minutieuse, à répondre à l’échelle micro à la question du comment alors que la sociologie du travail essaie plut?t d’expliquer le travail et de répondre à l’échelle macro à la question du pourquoi. L’ergonomie peut donner deux inspirations à notre étude sur le langage au travail : sa méthode d’observation et d’analyse minutieuse et la distinction qu’elle établit entre le travail prescrit et le travail réel. Nous développons ici le deuxième point. D’après l’ergonomie, il y a toujours un écart entre les normes de l’entreprise et les réalités. Quand nous faisons des recherches sur la norme ISO 9000, nous devons garder toujours en tête la question suivante : à tel degré les ouvriers peuvent-ils écrire leur travail et faire ce qu’ils écrivent comme le demande la norme ? ou en d’autres termes, à quelle mesure ce système de qualité peut-il influencer ou changer le travail réel des ouvriers et garantir la qualité des produits ?

Mettre en valeur le dynamisme des acteurs sociaux

D’après Wang Dechun, la linguistique moderne, depuis Saussure, néglige plus ou moins l’homme en tant qu’acteur social. Saussure prend la langue comme le seul objet de la linguistique et exclue la parole considérée comme trop individuelle et personnelle ; Chomsky prend l’homme comme objet d’étude, mais il s’agit d’un homme imaginé : ? l’objet premier de la théorie linguistique est un locuteur-auditeur idéal, appartenant à une communauté linguistique complètement homogène, qui conna?t parfaitement sa langue et qui, lorsqu’il applique en une performance effective sa connaissance de la langue, n’est pas affecté par des conditions grammaticalement non pertinentes, telles que limitation de mémoire, distraction, déplacement d’intérêt ou d’attention, erreurs ?(Chomsky, 1965, version fran?aise1971 :12) ; la sociolinguistique de Labov insiste sur les liens entre la langue et la société, mais l’homme y est souvent considéré comme un automate réagissant aux facteurs sociaux déterminant ? qui parle à quel endroit à qui et de quelle manière ?. Il est temps, pour Wang Dechun, d’introduire l’homme dans la recherche linguistique. La linguistique ne saurait reléguer l’homme à une position secondaire, ne sachant répondre passivement aux règlements et aux contextes. L’homme est le créateur de la langue et il serait ridicule de mettre la création au-dessus de son créateur ; la linguistique doit sortir de son monde de signes sémiotiques pour passer au monde d’hommes et éclairer les comportements linguistiques de ces derniers (Wang Dechun, Sun Rujian , Yao Yuan , 1995 : 5-6). Ce point de vue fait écho à la sociolinguistique interactionniste qui insiste sur le dynamisme des acteurs sociaux. Pour la sociolinguistique interactionniste, le langage est une activité sociale. Comme toute activité sociale, le langage est déterminé par de nombreux facteurs sociaux comme les relations interpersonnelles, les normes socioculturelles, les contextes, etc., mais en même temps, le langage construit également les réalités sociales (créer et maintenir des relations sociales, respecter ou non des règles, modifier les contextes, etc.). De ce point de vue, la relation entre le langage et la société ne peut plus être fixée dans le paradigme selon lequel la société détermine le langage et le langage reflète la société. Le langage participe à la construction de la réalité sociale, car l’homme, loin d’être un automate répondant passivement aux normes sociales mais un sujet actif qui sait agir en fonction de ses propres besoins de communication et des contextes. Si la sociolinguistique est une réaction contre le structuralisme de Saussure, la sociolinguistique interactionniste pourra être considérée comme une réaction corrigeant la sociolinguistique traditionnelle qui insiste trop sur le déterminisme de la société. Partant du point de vue de l’homme en tant que sujet de la communication, le langage n’est plus seulement un moyen de transmission d’informations, mais aussi un moyen que l’homme peut utiliser pour accomplir des t?ches, régler ses relations avec les autres, changer des réalités sociales, etc. Le caractère social du langage ne réside plus seulement dans sa capacité de refléter la société mais aussi dans son pouvoir de créer des réalités sociales. Ainsi que le fait remarquer Boutet : ? Le langage n’est pas un pur reflet de la société qui le déterminerait tout entier, mais que le langage agit, modifie et transforme le social même. ? (Boutet, 1995 : 264) Du point de vue des chercheurs, le langage est devenu une piste importante par laquelle ils peuvent remonter l’histoire d’un événement et comprendre comment acteurs sociaux analysent et résolvent des problèmes. Comme le souligne Ebel et Fiala : ? Tout discours, dans sa production, sa circulation, les effets qu’il produit à sa réception, est analysable comme processus de transformation idéologique. ? (Ebel, Fiala, cité de Boutet, 1995 : 264) Notre travail a pour objet l’écriture de la norme ISO 9000. Avec cette nouvelle perspective insistant sur l’initiative des acteurs sociaux, nous devons nous poser des questions suivantes : comment les ouvriers répondent-ils à l’exigence de la norme leur demandant de tout tracer ? Comment réagissent-ils à l’écrit qu’ils sont censés respecter à la lettre ? Comment utilisent-ils l’écriture pour se protéger ou lutter contre les autres ? etc..

Conclusion

La linguistique traditionnelle pensait que l’entreprise n’avait aucun rapport avec les études langagières ; la sociolinguistique, surtout la sociolinguistique interactionniste, bien qu’elle insiste sur l’étude de l’usage du langage réel tel qu’il est dans la société, met l’accent plut?t sur l’influence du contexte sur le langage. Le langage au travail n’entre pas dans le champs de recherches de la linguistique, ni d’autres sciences sociales. Cependant, avec le développement économique, le langage dans le monde du travail joue un r?le de plus en plus important dans le management d’une entreprise, qui a profondément modifié la relation interpersonnelle, la relation entre le travail et l’homme ainsi que la relation entre l’homme et l’écriture. Pour mieux comprendre ces changements, introduire de nouvelles disciplines dans les études semble raisonnable et nécessaire, qui nous permet de l’examiner sous différents angles et aspects. Les études du langage au travail n’est pas un monde fermé et statique, mais plut?t un système ouvert et variable. Dans ce sytème, les divers signes se mélangent et affectent ensemble l’usage du langage : d’une part, l’activité langagière est limitée par les activités concernant le travail et la production ; d’autre part, celle-là joue un r?le inégligeable dans cette dernière : planification, organisation, coordination de la production ne peuvent pas se passer du langage. Elles se complètent et se conditionnent. Ces nouvelles perspectives de recherches nous permettent de mieux comprendre l’usage du langage au travail et leurs fonctions particulières, et en même temps de réfléchir de nouveau sur les théories et les méthodes existant de la linguiste moderne.

Bibliographie

Boutet, J., Gardin, B., & Lacoste, M. (1995). Discours en Situation de Travail. Langages, (mars).

Calvet, L. J. (1994). Les Voix de la Ville. Paris: Payot.

Calvet, L. J. (1996). Histoire de L’écriture. Paris: Hachette.

Boutet, J. (2001). Les Mots du Travail. In Anni Borzeix, & Béatriced Fraenkel (Ed.), Langage et Travail: Communication, Cognition, Action. Paris: CNRS Editions.

ZHAO, Ronghui (2003). Langage et Sexe, ?tude Sociolinguistique de L’oral. Shanghai: Editions de L’éducation des Langues ?trangères de Shanghai.

Dortier, Jean Fran?ois (1998). La Communication Appliquée Aux Organisations et à la Formation. Paris: DEMOS.

Garabuau, Moussaoui I., & Desjeux, D. (2000). Introduction. Objet Banal, Objet Social: Les Objets Quotidiens Comme Révélateurs des Relations Sociales. Paris: L’Harmattan.

Chomsky, N. (1965). Aspects of the Theory of Syntax. Cambridge, MA: MIT Press.

WANG, Dechun, SUN, Rujian, & YAO, Yuan (1995). Social Psycholinguistics. Shanghai, Editions de L’éducation des Langues ?trangères de Shanghai.

Boutet, J. (1995). Paroles au Travail. Paris: L’Harmattan.